2 Neurones & 1 Camera

Olivier Thereaux

Argent, trop cher?

photo: salaryman en detresseDure vie que celle de salaryman

L'argent ne fait pas le bonheur, certes, et ce n'est pas moi, éduqué par "Télephone" et incapable que je suis de faire la moindre économie, sans parler de plan (de carrière) à long terme, qui irais contredire l'adage.

Pourtant, après presque trois ans passés au Japon, je dois avouer m'être, petit à petit, habitué au paradigme nippon que l'argent fait la qualité: de la gargotte familiale où l'on m'a fait manger de la sauterelle grillée aux restaurants chics et chers d'Ebisu, du vendeur de légumes en bas de la rue aux boutiques de fringues à la mode, il ne m'est (presque) jamais arrivé de penser que mon repas etait "cher pour ce que c'est", ni que je payais pour le cadre, le lieu ou le nom du patron (exception faite il est vrai de l'immobilier a Tokyo, ainsi que de toutes les enseignes francaises - nourriture ou autres produits de luxe - qui me donnent invariablement honte de ma nationalité par leur politique de marge indubitablement nommée en interne "sodomisons les gogos"). Un repas cher sera synonyme d'un soin et d'un service assez exceptionnel, tandis qu'un menu plus modeste sera simple et de bonne qualité. Le genre d'echelles de valeurs simple et honnête qu'un ex-trousseur de restaurants parisiens ne peut qu'apprécier grandement.

N'allons pas croire cela dit que le Japon est un pays peu cher. Le Japon est un pays où la vie est terriblement coûteuse, et Tokyo est assurément l'une des villes les plus chères du monde; les japonais paient leurs hauts salaires par d'assez courtes vacances et de longues journées de travail (et, pour les plus "chanceux" de nos amis salarymen, des soirées systématiquement occupées à amuser les clients), les loyers sont chers partout et exorbitants a Tokyo, la nourriture de base (viande et fruits en particulier) est loin d'être donnée, et, à vrai dire, seule l'electronique est moins chere ici qu'ailleurs (et encore).

Le  coût élevé n'est pas uniquement le fruit de l'abus d'un système qui multiplie les intermédiaires (et, diront les mauvaises langues, les pots de vin), il est surtout basé sur un système de pensée confucéen, d'un individualisme comme humanisme (par opposition a l'individualisme brutal et egoiste qui fera tôt ou tard la ruine du modèle capitaliste contemporain, mais je m'égare...).

Ledit modèle, idéalement et grossièrement, fonctionne comme suit. Je ne suis pas naif au point de croire que le Japon fonctionne (ou fonctionnerait s'il etait en circuit fermé) idéalement, ni de croire (ou faire croire) que le modèle lui-même est sans failles, donc je mentionne, rapidement, les critiques évidentes qu'on peut lui faire... Mon but est de faire comprendre, pas tant de séduire ou convaincre:

Et, paradoxalement, en dépit des énormes différence dans les méthodes de gouvernance, Beijing, Seoul et Tokyo convergent vers un même type de société, et ce n'est pas à cause de leurs gouvernements - socialiste ou largement plus conservateur - c'est à cause du bon vieux maître Kung-Fu-Tzu...

Pour aller plus loin, lire le très instructif Confucius lives next door du très lisible T.R. Reid. (en anglais uniquement, à ma connaissance)
olivier, lundi 22 septembre 2003, 0:46

Avant/Après

Jet Lag

Sommeil en désordre. Une heure entre la dernière séance et le moment de partir pour l'aéroport, une heure dans l'avion pour Chicago, deux heures dans celui pour Tokyo. Jolies visions dans le train, routes de campagne et filles de ville. "Home", enfin, 24 heures, porte à porte. Je grogne, elle cuisine pour moi. Noir. je me reveille bien trop tôt,…

À suivre


Puisque je vous le dis…

Il y a deux ans j'ecrivais, dans une neurone intitulée "Obscurantisme?" mes craintes face à de mauvais relents outre-pacifique. Aujourd'hui je lis: Jefferson assimilait le pouvoir de la religion à une tyrannie qui « a été durement ressentie par l’humanité et qui a rempli l’histoire de dix ou vingt siècles de trop d’atrocités pour ne pas mériter qu’on lui interdise de…

À suivre